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Stratégie

Comment Trump va contre toute attente faire exploser la demande de services offshore…

Frédéric Lasnier
Frédéric Lasnier
Chief Executive Officer

… comme le Brexit est déjà en train de le faire.

Brexit

Source : Shutterstock

Commençons par des faits dont nous faisons l’expérience nous-mêmes et soyons clairs, notre entreprise n’a jamais autant reçu de commandes du UK pour nos services produits en offshore… que depuis le Brexit ! Paradoxal ? pas tant que ça, et la victoire de Trump devrait avoir un effet assez similaire aux US. Comme je l’avais dit dans un post antérieur, qui lui-même nous a rapporté directement un client à £600K, quelques jours après sa publication, la peur de la fermeture du marché du travail pousse de nombreux acteurs technologiques britanniques à industrialiser leur production IT… à l’extérieur du pays. Et ce mouvement n’en est qu’à son balbutiement. Loin d’être un paradoxe ou un acte de résistance politique, c’est finalement doublement rationnel pour l’entrepreneur techno, d’abord parce qu’une fermeture du marché aux travailleurs étrangers aura immanquablement des conséquences inflationnistes bien supérieures à une éventuelle taxe à l’import ; ensuite parce que dans ce contexte, leur calendrier de développement risque de devenir de plus en plus incertain. Ils prennent donc la seule mesure valable et de nouveaux entrants sur le marché de l’outsourcing/consulting UK, tels que nous, pour lequel l’aubaine est trop belle, ne peuvent que profiter de ce changement de paradigme économique et politique. Mieux encore, il y a là un évènement de marché nouveau, aux conséquences durables, très intéressant pour les plus habiles timoniers. Le mouvement devrait être encore plus fort aux US Je m’aperçois que quoique beaucoup plus nationalistes et protectionnistes, les US de Trump ne devraient pas réagir différemment. La perspective d’une surchauffe extrême de l’économie software est encore plus forte dans un pays dont le nombre d’ingénieurs par millier d’habitants est bien plus faible qu’au Royaume Uni. Les salaires IT y atteignant les sommets mondiaux, le pays hébergeant la plupart des centres de R&D des Gafa, les légions de startups un peu moins argentées, et surtout les secteurs de l’ancienne économie, étaient déjà quasiment bloqués dans leur recrutements avant l’élection. Alors maintenant… Amplifié par une surchauffe préalablement avérée, le coût du travail IT dans les métropoles US étant environ 4 fois plus élevé qu’en Europe de l’Est et près deux fois plus qu’à Paris ou Munich… aucune barrière protectionniste ne retiendra le décisionnaire américain de céder aux sirènes de l’offshore. D’autant plus que l’effondrement du capital risque s’est poursuivi au T4 et qu’il ne devrait pas se reprendre avant un bon moment. Au pays des stars and stripes, l’idée du smartmove near/offshore est dans tous les esprits depuis l’arrivée de l’administration Trump.

 

Si certains prennent cette décision à regret, d’autres en revanche vont y trouver sans doute une satisfaction émotionnelle, une sorte de 2ème tour de l’élection présidentielle. Disons-le tout net : une revanche. Beaucoup sont ulcérés, dans ces populations très éduquées, de l’attitude grossière du nouveau président à l’égard du reste du monde. Le patron d’Uber a par exemple dû se retirer de l’équipe de conseillers économiques du Président, sous la pression des consommateurs d’une part… mais aussi de ses employés ! Quand on connaît l’attrait de ce monsieur pour le consensus, on se dit que la pression a dû être vraiment très forte ! On parle de 1% de désinstallation des apps, mais personne ne sait combien d’utilisateurs sont revenus au taxi ou sont passés, en même temps que les chauffeurs, sur une autre app. Sans nécessairement désinstaller Uber. Mais le message a été entendu. Quant au recrutement, personne ne voulait plus les rejoindre. La Trumpophobie s’étend maintenant à toute la Californie ! Ils sont quelques-uns parmi les stars de la tech (San Francisco et la Valley) et celles du cinéma (Los Angeles), à avoir même commencé à évoquer un potentiel Calexit (California exit), considérant que rien n’est irréversible dans une fédération. Evidemment cela n’arrivera pas (ou en tous cas pas si vite), mais l’existence de ce débat aussi surprenant qu’existentiel, établit clairement la puissance du ressentiment contre le résultat de cette élection. Je ne peux m’empêcher de penser que toute rationnelle qu’elle soit, la décision d’offshorer de la production software ne sera pas sans saveur pour un certain nombre de décideurs américains… A suivre.


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