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COVID-19

Coronavirus : Et si la pandémie durait 5 ans ? 10 ans ?

Frédéric Lasnier
Frédéric Lasnier
Chief Executive Officer

En analysant l’histoire des grandes pandémies historiques, on découvre qu’elles ont bien souvent duré sur un temps bien plus long que celui sur lequel nous modélisions en ce moment notre Coronavirus. Disons que 4 ans est une moyenne basse de la durée des pandémies et que 10 ans est une moyenne haute. Certaines durent bien plus longtemps. Le Sida fêtera bientôt ses 40 ans sans jamais avoir quitté la scène, même brièvement.

Quand une pandémie se contente de deux ou trois ans ou moins, cela signifie en général un taux de létalité terrifiant (cas de la grippe espagnole).

Mon but dans ce papier n’est ni de vous faire un résumé de ce que vous pouvez trouver sur quelques sites spécialisés, ni de vous alarmer davantage que nous le sommes déjà. Je reste d’ailleurs toujours aligné avec le scénario que j’ai publié au début de l’année. Jusqu’à cette date il fonctionne parfaitement. Il prévoyait une très longue deuxième vague hivernale avant une tendance à la diminution de l’impact viral puis l’arrivée probable d’un vaccin. C’est toujours ma conviction.

pandémie du coronavirus - projections économiques

Toutefois je suis un stratège et je ne peux pas laisser un autre scénario, raisonnablement probable, totalement de côté. C’est l’objet de cet exercice.

Que se passerait-il si la pandémie durait… 5 ans ? 10 ans ?

Pas de doute alors que nous partirons dans un schéma très différent de ceux que nous avons imaginés aujourd’hui.
A 5 ans, notre population sera affectée par des effets de longue durée. Ils se traduiront démographiquement. Ce que nous pensons être des ralentissements sectoriels risquent de devenir des disparitions pures et simples. Qui en effet se projette économiquement au-delà de 5 ans ou de 10 ans ? Personne. Personne ne prête de l’argent sur des horizons aussi incertains.
A certains égards une très longue deuxième vague, pourrait, dès février ou mars 2021, commencer à provoquer des questionnements dans le financement de l’immobilier par exemple.

De notre présent, je ne retiens pour ce papier que l’agilité et l’efficacité relative des différents acteurs gouvernementaux à gérer la crise dans le raisonnement qui suit. L’Asie à ce jour a parfaitement contenu le problème. La Chine est déjà en croissance et tire dès maintenant les avantages de la crise. Bientôt c’est toute l’Asie qui sortira gagnante de cette épreuve. Un scénario long renforce ce qui est évident dès aujourd’hui.

J’ai décidé de lister 3 types de faits majeurs qui entraîneront des conséquences séculaires, sur l’organisation du monde, si cette épidémie durait 5 ans ou plus. Dans l’ordre chronologique il s’agit des faits économiques, démographiques et géopolitiques.

1. Les faits économiques

  • La disparition de 60% des flux touristiques internationaux : libération de grands parcs hôteliers, en particulier de luxe dans les centres villes, disparition des croisières pour 15 ans au moins…
  • L’effondrement de la valeur immobilière de Londres, Paris, New York, Amsterdam à cause du tourisme et du télétravail de masse des emplois tertiaires
  • La disparition d’un des deux gros constructeurs aériens
  • La diminution des ventes auto dans un rapport de -60% et la disparition de 2 constructeurs sur 3. Télétravail de très longue durée oblige
  • Un boom des technologies de l’information qui n’a pas été imaginé, même au pic de la vague 1
  • Une chute de l’euro du fait de l’effondrement des balances commerciales européennes, insuffisamment technologiques
  • Une appréciation considérable du Yuan chinois qui devient une monnaie de réserve et du Yen
  • Faillite de l’Italie et de la France où les dettes publiques et privées ne seraient plus remboursables dans un contexte de crise sanitaire quinquennal ou décennal
  • Disparition de l’Euro et explosion des crypto-monnaies
  • Fantastique opportunité pour la logistique de proximité
  • Explosion du sport en extérieur et de toutes les activités de plein air
  • La Terre…

Pas besoin d’être un génie pour voir que de très loin, l’Europe sera la zone la plus touchée : auto, avion, tourisme. C’est le triptyque de l’Allemagne, de la France et de l’Italie. Les 3 premières puissances de l’UE. Dans un tel scénario, le chômage jaillirait partout en occident et atteindrait durablement de 15 à 30% des populations actives. Ces chiffres peuvent paraître extravagants. Mais le sont-ils vraiment quand on sait qu’un jour ou l’autre les principales économies européennes ont atteint les 11% dans un contexte de compétitivité et de demandes tous deux beaucoup moins dégradés qu’aujourd’hui. Qui a oublié que dans un contexte de compétitivité épouvantable l’Espagne a atteint quasiment 20% dans le sillage de 2008 ?

2. Les conséquences politiques
Si les faits économiques sont pour certains déjà perceptibles, les faits politiques le sont un peu moins. Quoique les plus fins observateurs auront remarqué que le soft power chinois, le novlangue pékinois amorcé autour de 2017, s’est nettement popularisé dans ce que certains ont appelé la diplomatie des masques.

Ce qui est potentiellement plus grave, c’est la croissante contestation politique, quels que soient les sujets. Ainsi on a pu vilipender les gouvernements pour le manque de masques, puis protester contre l’obligation de le porter. Ce n’est que l’exemple le plus prégnant. Mais la tentation de la déstabilisation, dans un contexte éco à 15% de chômeurs ou plus serait énorme. Des embrasements populistes qui ne conduisent jamais qu’au chaos le plus complet, seraient alors à prévoir. De très nombreux observateurs américains croient très fort en l’hypothèse de guerre civile dans la première économie du monde, éclaireur du monde occidental.
Quelles conséquences pour le reste du monde aurait une guerre civile aux US ?

Et que dire de l’efficacité des régimes autoritaires éclairés ou des démocraties dures de l’Asie ? La Chine, le Japon, Singapour, la Corée et même le Vietnam sont en train de nous prodiguer une leçon d’efficacité sanitaire dont notre soft power occidental n’est pas près de se relever. Où préféreriez-vous passer l’hiver 2020 ? A Singapour ou à Paris ? A Hanoï ou à Paris ? Avouez que vous n’aviez jamais pensé qu’Hanoï pourrait mieux gérer une question sanitaire que Paris.

L’idée démocratique déjà mise à mal par les dragons asiatiques pourrait y perdre un certain nombre de pays : Hongrie, Pologne, Ukraine, Roumanie, mais aussi potentiellement Italie et France… et USA.

3. Les conséquences géopolitiques et démographiques
Partons d’un chiffre énorme qui pose bien le contexte. En un an, le différentiel économique France Chine s’est réduit de 17,5% contre 2,25% en rythme annuel habituellement. Vous la sentez l’accélération de l’histoire ? Je pense que ça n’échappe à personne à Pékin. Avec l’ensemble de ses compétiteurs, la Chine multiplie la vitesse de son rattrapage économique par au moins 5.

Pour tout ce qui concerne le géostratégique on est là sur une typologie de conséquences s’étendant sur 15 à 25 ans.
Comment un tel contexte de peur et de dégradation économique n’entraînerait-il pas de conséquences sur la démographie par exemple ? Qui pourrait nous garantir que ça n’a pas déjà commencé ?
Qui a une idée des découvertes à venir relativement aux conséquences futures pour la santé ? Savez-vous par exemple que les britanniques et les américains mènent une étude sur la survenance de nouveaux cas de diabètes post Covid ? Imaginez un instant que la population de diabétiques d’un pays soit multipliée par 3 ou 4…
Les prédateurs adorent ce genre d’opportunité.

Dans un autre registre, nous sommes tous les témoins de l’effondrement de l’Est. Il n’y a plus personne pour vanter le génie politique de Poutine. On en a au moins fini avec ça.
L’Est, tout l’Est, c’est-à-dire depuis l’Europe de l’Est et jusqu’au Moyen Orient, va mal. Liban, Syrie, Iran, mais aussi Russie, Biélorussie, Ukraine. Et la crise récente entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en est l’illustration la plus flagrante.
Des pays dirigés par des monarques vieillissants et ayant échouer dans leur devoir de transition économique et de changement de millénaire, comme Poutine ou Erdogan, voyant leur pays partir à vau-l’eau risquent de retrouver des instincts très belliqueux et de se shooter à la destinée historique nationale. C’est très fort.
Représentez-vous un instant l’ouverture de conflits un peu partout à l’Est sur fond d’opposition russo-turque.

Mais pourquoi devant la déconfiture de leur économie, des puissances militaires européennes, comme la France ou le Royaume Uni ne repartiraient-elles pas chercher fortune ailleurs ? Et en particulier des « terres rares », en Afrique essentiellement ? Est-ce si stupide quand on sait que la technologie va devenir la dorsale de tous les échanges ? Ne serait-ce pas là, l’un des uniques moyens de contrecarrer la Chine ? Je sais, je délire ! Mais imaginez un régime populiste français, né de la déconfiture de l’empire virtuel européen, challengé par un régime populiste britannique, désireux de renouer avec son propre passé impérial en Afrique ?

Ce que je veux dire c’est qu’une pandémie normale occasionne des effets colossaux et que si ceux que j’énonce ici ne se réalisent pas tous, l’analyse historique confirme qu’une pandémie a de très nombreuses répercussions totalement exogènes au virus, profondément négatifs d’abord, puis parfois très positifs :

  • La peste noire décime un tiers de la population européenne, puis provoque de nombreuses réformes agraires, l’apparition de l’économie de la terre et enfin la Renaissance.
  • La grippe espagnole entraîne la création de nombreux programmes de sécurité sociale de par l’Europe… et peut-être le nazisme. Une population rajeunie et triée favorise les idées radicales !

Les débats animés entre tenants de l’immunité collective, les nouveaux indignados, dirigés par un milliardaire blanc, blond et président des USA (Je sais ça fait sourire. L’indignado de 2011 a bien changé.), et les tenants d’une politique de containment viral n’ont pas de sens au niveau économique ou politique. Tout cela est stérile.

La crise engendrée par le Covid-19 va connaître une nouvelle phase.

Le grand public va précisément commencer à adopter une version longue, voire très longue et noire de la crise. Elle ne durera pas un an, on le dit depuis déjà longtemps. Mais durera-t-elle vraiment 4 ans ou plus ?

Qu’importe c’est une idée plus séculaire qui va s’insinuer dans les médias, sur les marchés et dans les esprits et avec elle une nouvelle esthétique de cette crise, une sémantique avec des codes proches de l’effondrement. Une tendance, à laquelle les décideurs devront répondre. Encore une fois, l’important n’est pas d’avoir raison, mais de bien diriger sa barque.

Ceux qui iront contre la gouvernance de la crise seront les perdants de l’histoire.

L’entrepreneur qui gouverne mes actes fait ses choix, où dois-je porter le regard ? Mes clients idéaux d’hier sont-ils ceux de demain (ICP-Ideal Customer Profile) ? Si je travaille fortement avec des clients du tourisme, qui ont connu une légère reprise pendant l’été 2020, que dois-je faire pour les années à venir ?

Passer au stade de la réponse est un exercice formidablement difficile qui entraînera des réponses extrêmement complexes et diversifiées.

Si la navigation dans ce réseau d’incertitudes et d’opportunités vous intéresse, je vous propose de rejoindre nos prochains webinaires sur le sujet en vous inscrivant ici.


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