Où commence la sécurité des données collectées par les objets connectés de santé ?
En lisant l’enquête IFOP pour le groupe PHR réalisé en janvier 2015, je rejoins ce que nous a dit Philippe Loudenot (FSSI des Ministères des affaires Sociales et de la santé) lors des rencontres stratégiques innovation organisées par bpifrance sur les objets connectés : la sécurité des données personnelles s’arrête à l’usage que nous en faisons. Et dans le cas des objets connectés santé, nous acceptons très librement de transmettre leurs informations, d’abord aux fabricants et ensuite à des « spécialistes » pour obtenir plus de conseils. Est-ce que l’un de nous a déjà lu jusqu’au bout toutes les CGU ? Oui ? Et vous continuez à utiliser vos objets connectés santé ? 🙂 Comme quoi, la vie privé n’est vraiment qu’une affaire de perception.
#msanté, #quantifiedself, #digitalhealth : 3 personnes sur 4 sont prêtes à porter un « tracker » digital
Nous sommes connectés en permanence (mobile, géolocalisation, tracker, …) et implicitement nous trouvons de plus en plus normal de porter des objets connectés qui transmettent de manière continue des données sur notre état : selon une récente étude, 3 personnes sur 4 sont prêtes à acheter un objet connectés santé et au moins l’une d’elle l’a déjà fait.
Ce besoin de connaître et suivre notre état de santé à chaque instant nous pousse même à aller plus loin en partageant ces données somme-toute personnelles avec des « spécialistes » pour obtenir leurs conseils avisés. Je mets « spécialistes » entre guillemets car actuellement, je ne peux pas vous certifier que vos amis et plus globalement votre communauté sont vraiment des professionnels de la santé et du bien-être capables de vous conseiller scientifiquement.
Santé connectée : les principaux usages
Mais revenons-en aux objets connectés santé. D’après cette même étude, voici ceux que nous attendons le plus :
- le tensiomètre (58% de citations au total),
- le lecteur de glycémie (35%),
- le tracker de sommeil (30%),
- le thermomètre (23%),
- le spiromètre pour mesurer les fonctions pulmonaires (21%).
Donc nous souhaitons que notre tension, notre taux de glycémie, notre qualité de sommeil, notre température corporelle et notre capacité pulmonaire soient suivis en temps réel.
Santé ou bien-être ? L’usage détermine la qualité des données collectées
Maintenant la qualité de la mesure par l’objet connecté dépend beaucoup de son type : Santé ou Bien-être. Il y a deux différences énormes entre un objet connecté santé et un objet connecté bien-être qui sont les normes à respecter et la précision/qualité des mesures.
Dans le cas des objets connectés dits de santé, leur mise sur le marché est encadrée comme tous les services et produits liés à la santé par les normes et accréditations du ministère de la santé.
En revanche, les objets connectés de bien-être n’étant pas soumis à ces contraintes, la qualité de leurs mesures et rendus ne sont pas contrôlés.
Une fois la collecte d’information plus ou moins juste réalisée, cela va permettre :
- au moins d’afficher les informations collectées dans un rapport et vous permettre de suivre leurs évolutions dans le temps,
- au mieux de les analyser pour vous donner des conseils basiques ou des comparaisons avec la communauté d’utilisateur utilisant le même objet connecté santé,
- et, (trop) rarement, de les transmettre à des professionnels de la santé ou du bien être pour vous faire des diagnostics personnalisés sur votre état de santé pour vous aider à l’améliorer.
3% des personnes interrogées ayant acquis un objet connecté santé, ne l’utilisent plus, principalement car ils ne l’utilisaient pas assez souvent pour 55% et par manque de conseils et d’interprétation des données collectées pour 31%.
Santé digitale : quels services proposer autour des données collectées ?
Les services autour de ces données collectées sont en train de se structurer pour répondre à nos attentes : avoir de meilleurs conseils et des diagnostics prédictifs sur notre état de santé. Au-delà de la surveillance de certaines constantes de base (taille, poids, âge, groupe sanguin…), les objets connectés santé permettront un suivi dans le temps de tous les paramètres que nous accepterons de partager, pardon, que nous partageons déjà 😉
Les données de bases comme votre poids, votre taille, votre âge et votre groupe sanguin vous sont demandées par la plupart des sociétés qui vous ont fournis l’un de vos objets connectés santé lorsque vous vous êtes connecté au service pour la première fois. Donc votre état de santé se trouve dans ses informations hébergées sur un serveur, quelque part. A partir de là vous allez choisir des services supplémentaires pour qu’elles soient analysées par des professionnels.
Paradoxalement, le médecin et le pharmacien sont encore trop peu connectés
Ce qui m’interpelle c’est que les deux professionnels de santé qui nous sont le plus proche à savoir le médecin et le pharmacien, n’ont étrangement pas encore accès à ces données alors que nous sommes 50% à penser que leur interprétation devrait se faire par le médecin (50%) en étroite collaboration avec le pharmacien (37%). Ceci dit, nous ne sommes que 39% à être prêt à les partager avec notre médecin et seulement 8% avec le pharmacien. C’est par ailleurs étrange car 77% des interrogés (dont les 18-24 ans et ceux qui possèdent déjà des objets connectés santé) sont prêts à échanger les données de leurs objets connectés avec leur pharmacien pour obtenir des conseils personnalisés sur :
- leurs traitements médicaux actuels (88%)
- leurs informations de bases : tailles, poids, âge, groupe sanguin… (75%)
- leurs données relatives au sommeil (69%)
- leurs RDV avec des professionnels de santé (64%)
- leurs données relatives à leur activité physique : nb de pas… (61%)
Alors que plus d’un pharmacien sur deux estiment que les objets connectés sont bénéfiques pour les patients, ils sont autant à n’avoir peu ou pas confiance en la sécurisation des données de santé collectées par ces objets. Et je ne leur donne pas tord dans le cas des objets connectés de bien-être…
Le développement applicatif et le design de services autour des objets connectés de santé, une expertise de Pentalog Institute et de Pentalog Software Factory
Les projets que nous traitons actuellement montrent bien que le niveau des objets connectés santé et des services digitaux autour de ceux-ci sont en train d’augmenter pour répondre à nos craintes et exigences de qualité et de sécurité : cryptage des données dans l’objet connecté santé jusqu’à la restitution, possibilités d’anonymiser une partie des données, mise en place de protocoles d’échange pour accéder à d’autres services, création de plateforme d’agrégation des données pour centraliser et sécuriser le partage…
Personnellement, j’ai hâte de voir apparaître dans mon calendrier un RDV fixé par mon médecin suite à une alerte liée à l’analyse automatique des données de mes objets connectés santé 😉
Si vous avez un projet ou tout simplement pour aller plus loin sur la conception, la réalisation ou la stratégie de commercialisation, je vous invite à consulter nos offres de prototypage et réalisation sur pentalog.fr
Michel GICQUEL
avril 21, 2015 à 13:06Bonjour, tout à fait d’accord avec vous pour faire évoluer la notion de données de santé collectées par les objets connectés. Source d’information très riche ces objets doivent être exploités via le duo médecin-pharmacien sur un base de protocole avec un cadre etdes seuils d’alerte. Pour en parler, très enthousiaste sur ces nouvelles applications. Pour en discuter. Michel GICQUEL (pharmacien).