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Externalisation IT

De retour du Karnataka

PentaGuy
PentaGuy
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10 jours de périple en Inde, dans 3 villes et 2 états, en pleine période de mousson, l’expérience a été très riche, tant sur le plan personnel que professionnel… par où commencer ? Peut être par remercier toutes les personnes rencontrées sur place, qui ont fait preuve d’une grande hospitalité à notre égard. Nous avons rencontré des petites boîtes, des grosses boites, des indépendants, des salariés, des expatriés, des professeurs… tous nous ont très bien reçus, nous ont parlé ouvertement de leur pays, si fascinant de contradictions, et fourni des clés pour comprendre leur culture et leur histoire. Special thanks à Prashant pour la petite incursion dans la vie nocturne de Madras, et à Bhagath pour nous avoir emmenés dans ce musée de plein air ! Dommage que nous n’ayons pas eu plus de temps pour en profiter. Bah, nous reviendrons peut être bien ! En tous cas ni la climatisation, ni le curry ne vont me manquer pour quelque temps 😛 et ne parlons pas des embouteillages et de la pollution de Bengalore, que je ne suis pas prête d’oublier !

Ce qui m’a d’abord frappée en arrivant en Inde, c’est l’état de délabrement de ses villes, dont la population croît plus vite que ne peuvent s’adapter les infrastructures. Nous n’avons vu que 2 grandes villes (Chennai et Bengalore, Pondichéry comptant moins d’un million d’habitants), mais ceci semble tout aussi bien être le cas à New Dehli, Calcutta et à Mumbai, d’après les témoignages entendus. Effectivement, comme le soulignait Fred, ça donne à réfléchir sur la capacité du pays à progresser assez vite et améliorer son niveau de qualité général. Même à Bengalore, où oh surprise, quand on quitte l’aéroport en direction du centre ville, on se dit « quelle belle autoroute !», on retrouve très vite les vaches broutant des tas d’ordures sur les trottoirs et les campements de fortune aux portes des campus universitaires, dans des quartiers où les entreprises high tech côtoient la misère des rues.

La question centrale de la disponibilité des ressources humaines, aussi bien d’un point de vue technique que linguistique, s’avère encore plus épineuse que ce à quoi je m’attendais. Même à Pondichéry, les étudiants en IT qui apprennent le français sont très rares… ils ne sont pas plus de 5% au Pondicherry Engineering College que nous avons visité. Le réseau des Alliances Françaises et Campus France ont beau être très présents et actifs partout dans le pays, au final, on parle d’à peine quelques centaines d’étudiants IT indiens qui font des études en France chaque année, et combien parmi eux dans le domaine d’expertise qui nous intéresse plus particulièrement ? le nombre doit être dérisoire. Nous avons rencontré un important acteur de l’IT aéronautique indien à Chennai et eux estiment qu’à peine 1% de leurs 1500 ingénieurs embedded dans ce secteur sont francophones. Ils ont fait le pari de la formation linguistique avec l’Alliance Française pour pouvoir étendre leurs opérations avec la France. C’est un investissement sur du long terme… Et comme l’a suggéré un chef d’entreprise indien rencontré à Bengalore, à juste titre me semble-t-il, demander à un ingénieur IT aéronautique de passer du temps à apprendre une langue étrangère, au détriment de sa progression technique dans son métier, n’est ce que pas prendre le risque de le faire fuir ? Il y a bien aussi la solution d’employer des traducteurs qui travailleraient aux côtés des ingénieurs mais je suis bien placée pour savoir que la traduction n’est pas une mince affaire non plus, surtout quand on traite des sujets d’un si haut niveau de criticité et de technicité, même en ayant recours à des outils d’automatisation. Apparemment certaines grosses boîtes le font, donc ça doit quand même bien marcher un minimum, je reste cependant sceptique.

Côté technique, à l’échelle d’un pays comme l’Inde, il y a bien les experts que nous recherchons. Ils seraient 15 000 dans tout le pays. Mais ces profils veulent travailler chez les grands noms, en direct pour le client final et sont des employés fidèles dès lors qu’ils travaillent sur des projets de haut niveau. On nous a parlé de 20% de taux d’attrition moyen en Inde, et dans les sociétés qui font de l’embarqué aéro, on tombe à des chiffres de l’ordre de 8%. Il ne sera pas facile de recruter.

Mais à côté de toutes ces difficultés dont nous avons clairement pris conscience, nul doute que les Indiens ont aussi su nous démontrer leur sérieux et leur maturité dans le business offshore. Les rencontres faites me donnent à penser qu’il y a vraiment des choses à faire. « Everything’s possible in India » nous a-t-on dit à plusieurs reprises 😀 et je le crois sincèrement. Néanmoins les investissements qui paraissent indispensables pour construire quelque chose de solide là bas seront certainement plus lourds et le process sera plus complexe que pour nos précédentes implantations.

Voilà, j’ai essayé d’être synthétique et pragmatique, j’aurais pu en écrire des pages. Les conclusions de ce voyage ne sont donc pas évidentes. Pour l’heure, une réflexion doit être menée sur les objectifs de Pentalog et les moyens à mettre en œuvre dans une possible aventure indienne. Peut être aurons nous bientôt l’occasion de faire un 2ème voyage pour approfondir encore un peu le sujet. Il me semble que nous aurions dû voir au moins 2 villes supplémentaires pour avoir un peu plus de recul. Coimbatore et Hyderabad sont souvent ressorties comme intéressantes dans les échanges que nous avons eus… En tous cas si nous nous lançons et que nous réussissons le challenge, ce sera un sacré accomplissement, la cerise sur le dispositif offshore de Pentalog.


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