C’est en profitant d’un jour férié (anniversaire de la mort des rois Hung, les ancêtres des vietnamiens) que j’ai pu prendre du recul et fait une petite réflexion sur le recrutement de Pentalog Vietnam depuis 2 mois. (Merci à toi Fred qui as tenu un très beau discours auprès de nos collaborateurs de Hanoi avant ton départ sur la communication et le management interculturels qui me pousse également à avancer cette réflexion).
Au Pentalog Vietnam, nous nous approchons du 20ème collaborateur la semaine prochaine et sommes en mesure d’attaquer le grand projet pour notre client – leader européen dans l’industrie de Tobacco. Pour en arriver là, nous avons interviewé près d’une centaine de candidats. Certes nous faisons un tri préalable sur CV, certes nous faisons aux candidats passer les tests techniques en ligne, je dois avouer tout de même que nous peinions un peu pour recruter. Vu le nombre de ressources humaines disponibles sur le marché, vu la crise qui facilite notre tâche car plusieurs boites n’ont plus de projet, on se demande pourquoi cette difficulté dans le recrutement ? La raison est simple : Pentalog a placé la barre haute en mettant l’accent sur non seulement la compétence technique du candidat mais surtout sur sa capacité de communication. Nous exigeons que nos collaborateurs soient capables de communiquer oralement en anglais et si possible, en français. Nous effectuons systématiquement les entretiens en vietnamien et en anglais. Ceux qui refusent de parler l’anglais pendant l’entretien ou n’arrivent pas à s’exprimer correctement en anglais ne monteront jamais à bord même s’il s’agit d’un dieu du Java, du .Net…
Pentalog aujourd’hui c’est une trentaine de français, deux cents roumains, près d’une centaine de moldaves et une vingtaine de vietnamiens. Un tel environnement avec une organisation fonctionnellement centralisée et les déplacements inter-agences oblige les gens à sortir de leur coquille et communiquer avec les autres.
L’outsourcing vietnamien est dans la plupart des cas basé sur un modèle de communication ou sur un projet, il n’y a qu’une ou 2 personnes qui font l’interface avec le client à l’autre bout du monde. Le reste de l’équipe n’a jamais parlé directement avec le client, on appelle ça les « développeurs muets » ou les « pisseurs de code ». Bien évidemment, ils cherchent à se défendre en disant « si, j’écris et chat tous les jours avec les clients ». C’est bien, mais pas suffisant ! Comment fait-on lors qu’il y a un problème à résoudre immédiatement en 5 minutes, ou un point qu’on n’arrive pas à s’expliquer par écrit ? Imaginons également si le mec qui fait l’interface est incompétent ?
Une information que je révèle à toi Monica, car tu me questionnes souvent pourquoi on ne voit les candidats issus qu’un nombre limité des sociétés ? Parce que beaucoup de candidats bons sur CV, bons sur les tests, me répondent lors que je leur dis qu’une partie de l’entretien se déroulera en anglais : « C’est possible de ne parler qu’en vietnamien ? je vous assure que je lis parfaitement les documents en anglais ». La réalité, c’est que beaucoup de sociétés ne poussent pas leurs collaborateurs à parler l’anglais. Au fil du temps, cela devient un vrai handicap qui limite ces personnes à évoluer.
Ou une anecdote: récemment quand je parle de ce problème à un ami que j’aime beaucoup, qui est probablement un dieu en informatique avec plus de 15 ans d’expériences mais un peu limité au niveau d’anglais, il m’a énervement répondu : « Va chercher tes candidats dans les écoles de langues ! » . Une tentative de défense désespérée !
Tout ça me désole beaucoup. Qui parle de globalisation doit parler de communication. On ne doit plus se contenter de nos compétences techniques mais aussi linguistiques. Un ingénieur informatique qui parle anglais trouve certainement deux fois plus d’opportunités d’évolution et deux fois plus de chances de rester intacts dans cette période difficile.
Chez Pentalog Vietnam, nous dispensons gratuitement et continuellement des cours de langues anglaise/française à nos collaborateurs. Je suis épanoui en voyant à quel point nos hommes se précipitent de suivre ces cours non pas parce que les professeurs sont très belles 😉 . Ils sont parfaitement conscients de l’apport de la maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères dans leur carrière. Sur 20 personnes actuelles, tous parlent l’anglais et 7 sont aussi francophones. Maxime est franco-américain et maitrise à la merveille le vietnamien avec l’accent du Sud (il est bienvenu chez les Chtis à Hanoi 😉 ). Binh et Bach parlent couramment le japonais. C’est ça une entreprise internationale ! Bien entendu, il y a toujours un écart avec nos amis roumains/moldaves dans la matière mais j’espère que le rattrapage se fera très rapidement.
Je suis persuadé que pour transformer le Vietnam qui est « potentiellement » la première destination d’outsourcing en la VRAIE destination, nous devons continuer à travailler énormément notre niveau linguistique. Prenons le cas d’une personne peu typique que l’on appelle affectionnément notre Oncle: tout ce qu’il a fait n’avait rien du hasard. Déjà sur ses capacités de communication, il parlait parfaitement français, anglais, chinois, italien, allemand, russe et aussi thaïlandais, espagnol, arabe…
So, you don’t speak English? Then, no thanks!
Pti Stagiaire
avril 15, 2009 à 12:36Et ce qu’il faut savoir c’est que l’Oncle Ho parlait parfaitement sa langue (aussi)! Voila une bien belle prouesse! A quelques langues bien derrière lui… P’ti stagiaire.
Tuan Nguyen Quoc
avril 15, 2009 à 14:12J’oublie de citer également que notre cher Tanguy R. est capable, à l’insu de la plupart des gens ici, de parler très correctement le vietnamien après seulement moins d’un an sur place.
Duc
avril 16, 2009 à 21:55Au fait il y a aussi cet article interessant : » Les blogs internes un succes mitiges » http://pro.01net.com/editorial/500353/les-blogs-internes-un-succes-mitige/ @bin voui, bien sur, AMHA, dans le sud, il y a plus d’Anglophone !!! Vietkieu, (diaspora Viet à l’estranger)…etc. Je prends un exemple, ma collaboratrice (externalisation *de force de vente) est parfaitement bilingue Anglais (elle a juste passe une annee en Australie. voui le domaine de IT Offshore repose beaucoup sur du relationnel, donc marketing et communication. Qui ne perd pas le Nord regarde aussi le Sud… Bonne aventure à vous tous! D’ici là bon week-end. * c’est vrai que je ne suis qu’une petite structure
Eric
avril 17, 2009 à 09:28Bien vu ! Si le verrou linguistique saute, vous aurez déjà passé la première étape ! Mais la langue ne fait pas tout, il restera le second verrou : la compréhension du besoin client, et la, il s’agit avant tout de s’imprégner de ses véritables problématiques pour lui répondre avec vos solutions. Mais je fais confiance au système Pentalog pour générer les rencontres clients – équipes pour créer cette compréhension. Bonne continuation et Tuan, tiens-nous regulièrement au courant
Tuan Nguyen Quoc
avril 22, 2009 à 09:25@Duc: Ca fait un moment que tu suis notre blog et fais des commentaires très intéressant. Nous souhaitons te rencontrer pour voir si on peut faire quelques choses ensemble. Si t’as l’occasion de passer par Hanoi, n’hésite pas à me contacter.
apprendre l'anglais
avril 27, 2009 à 13:51Donc, il faut parler anglais, français et vietnamien ? Mastering all 3 is a difficult task that could take a lifetime for some!
Parler Anglais
août 14, 2009 à 12:20Intéressant… J’imagine que vous ciblez le long terme avec vos employés pour leur dispenser des cours de langue en continu. Cela fait plaisir à voir. Parler anglais est depuis quelque temps déjà une qualité indispensable à qui veut assurer en informatique. La compétition avec l’Inde, par exemple, est suffisamment importante. Pouvoir jouer la double carte français-anglais est intéressant.