De retour du Vietnam où j’ai passé quelques jours en compagnie de Martin Umaran, l’un des fondateurs de Globant (notre acquéreur argentin), je peux dire que j’en reste encore époustouflé. À Hanoï et Ho Chi Minh-Ville, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec plusieurs entrepreneurs de la tech nationale. Le pays que j’ai découvert en 2009 a bien changé. Son PIB total dépasse les $400B, dont plus de 14% viennent des technologies de l’information et de la Communication ! Si 7% proviennent des télécom et des infrastructures, cela signifie tout de même qu’environ 28 milliards proviennent des logiciels et services. Ce chiffre a été multiplié par 28 depuis mon arrivée. Qui dit mieux ?
Une dynamique encore plus démographique qu’économique !
Mais c’est sur le plan de la démographie de l’ingénierie que les résultats de la société vietnamienne sont les plus spectaculaires. La population de programmeurs du pays a connu une multiplication par 30 en moins de 20 ans ! Elle dépassera celle de la France en 2023, celle du UK autour de 2025-2026 et, compte tenu de sa folle dynamique, pourrait dépasser celle de l’Allemagne et même du Japon avant 2030. Cette ascension digitale s’explique à la fois par la croissance de 1% par an d’une population très alphabétisée, et par l’incroyable confiance de cette population dans la technologie. Les Vietnamiens apprennent massivement à coder. Ils sont à ce jour autour de 550 000 programmeurs, pour 530 000 français.
Des vents contraires en Asie favorisent la collaboration avec l’Europe depuis 2022
Alors que les ressources technologiques du pays travaillent massivement pour le Japon et la Corée, les entreprises vietnamiennes d’outsourcing ont de plus en plus de mal à constituer leurs marges. En effet, la valeur des principales monnaies d’Asie baisse petit à petit depuis 5 ans, ce qui est problématique car les salaires dans ces pays sont souvent fixés en fonction du dollar. Et comme la monnaie du Vietnam, le Dong, reste stable face à l’Euro et au dollar, cela complique la situation. Dans ce contexte, les entreprises européennes et américaines, plus solides, sont de plus en plus attirantes pour la population IT du pays.
L’agilité vietnamienne, idéale en temps de crises
Au-delà de ces explications monétaires, les ressources humaines du pays sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers les pratiques de delivery de la côte Ouest américaine, préférant les organisations agiles au traditionnel cycle en V à la japonaise. La qualité de la production rejoint désormais les niveaux les plus élevés dès lors que l’on travaille en agile. Pour preuve, nous enregistrons une croissance de 25% là-bas en 2023. En pleine crise et pour les trois années à venir, c’est très probablement la meilleure solution d’outsourcing pour les plateaux de programmeurs de 30 à 1000 personnes.
Cet ensemble de facteurs donne un avantage considérable aux entreprises européennes, qui trouvent désormais dans le Vietnam une alternative à l’Inde par exemple, offrant une population travailleuse, naturellement bienveillante, et bien sûr à des coûts parmi les plus favorables au monde.